Quand on voit un costume traditionnel français, on pense souvent à la jupe brodée, au gilet orné ou au chapeau de paille. Mais personne ne se demande vraiment : pantalon, c’est quoi, dans ce contexte ? Pourtant, c’est une pièce essentielle, et son nom varie selon les régions, les époques et même les métiers.
Le pantalon, une pièce cachée du costume
Dans les costumes folkloriques français, le pantalon n’est pas juste une pièce de vêtement. Il est un marqueur d’identité. Il raconte si l’homme vient d’une région rurale ou d’une ville, s’il est paysan, pêcheur ou artisan. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne s’appelle pas toujours « pantalon ».En Bretagne, par exemple, les hommes portaient autrefois des brayes : des pantalons courts, serrés aux genoux, souvent en laine épaisse. Ils étaient portés avec des bas de laine et des sabots. Ces brayes ne descendaient pas jusqu’à la cheville - elles s’arrêtaient juste au-dessus du genou, pour faciliter le travail dans les champs ou les marais.
En Provence, les hommes du XVIIIe siècle portaient des culottes : des pantalons très larges, qui tombaient en plis au-dessus du genou et se terminaient par une boucle ou un ruban. Ce n’était pas un vêtement de travail, mais de cérémonie. On les portait avec des bas blancs et des souliers à boucle. Ces culottes étaient souvent en soie ou en velours, et décorées de broderies fines.
Le mot « culotte » : pas ce que vous pensez
Aujourd’hui, quand on dit « culotte », on pense à une petite robe pour femmes. Mais dans les costumes traditionnels, « culotte » désigne un pantalon court. Ce mot vient du latin culcita, qui signifiait « coussin » ou « rembourrage » - une référence à la forme bombée du vêtement aux genoux.En Auvergne, les paysans portaient des culottes de peau : des pantalons en cuir brut, cousus main, pour résister aux ronces et aux intempéries. Ils étaient souvent teints au noir avec du marc de raisin ou du chêne. Ces culottes étaient portées jusqu’au début du XXe siècle, même après l’arrivée du denim.
En Normandie, les pêcheurs de la Côte d’Albâtre portaient des brayes à bretelles : des pantalons en toile épaisse, retenus par des bretelles en cuir. Ce n’était pas un costume de fête, mais un outil de travail. Les bretelles permettaient de maintenir le pantalon en place sur les quais mouillés, et les jambes étaient souvent renforcées au niveau des genoux avec des morceaux de cuir.
Le pantalon long : une innovation tardive
Avant le XIXe siècle, les hommes en milieu rural portaient rarement des pantalons longs. C’était un signe de statut. Les nobles et les bourgeois portaient des culottes fines, tandis que les paysans portaient des brayes ou des jambières. Le pantalon long, tel qu’on le connaît aujourd’hui, est arrivé avec la Révolution française - comme symbole d’égalité. Mais dans les régions rurales, il a mis des décennies à s’imposer.En Alsace, les hommes du XVIIIe siècle portaient encore des culottes à genoux avec des bas blancs, même au travail. Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que les fermiers ont commencé à adopter les pantalons de drap - des pantalons longs, droits, en laine grise ou brune. Ils étaient plus pratiques pour les longues journées à la ferme, et plus résistants que les brayes.
Les noms régionaux du pantalon traditionnel
Voici les termes les plus courants pour désigner le pantalon dans les costumes régionaux :- Braye : Bretagne, Normandie - pantalon court, jusqu’au genou
- Culotte : Provence, Languedoc, Île-de-France - pantalon court, souvent orné, porté avec bas
- Jambières : Massif Central, Auvergne - pièces de tissu ou de cuir recouvrant les jambes, sans pantalon dessous
- Pantalon de drap : Alsace, Lorraine - pantalon long, simple, en laine
- Basques : Pyrénées - pantalon court, très large, souvent en laine noire
Ces noms ne sont pas interchangeables. Dire « culotte » en Bretagne, c’est comme dire « robe » en Provence : ça ne correspond pas à ce qu’on voit sur le terrain. Chaque terme est lié à un tissu, une coupe, une fonction.
Le pantalon dans les costumes de fête
Dans les fêtes traditionnelles, le pantalon devient un élément de décor. En Basse-Navarre (qui s’étend sur les Pyrénées françaises), les hommes portent des basques en laine noire, très larges, qui flottent en marchant. Ils sont souvent accompagnés d’une veste courte et d’un chapeau à plume.En Vendée, lors des fêtes de la Saint-Jean, les hommes portent des culottes blanches en lin, avec des bas de soie noire et des souliers à boucle d’argent. Ce costume est strictement réservé aux cérémonies. On le confectionne encore aujourd’hui selon des modèles du XVIIIe siècle, transmis par les ateliers familiaux.
En Corse, les pantalons traditionnels sont longs, en laine épaisse, et souvent noirs. Ils s’appellent calzoni - un mot d’origine italienne. Ils sont portés avec une chemise blanche à manches larges et une veste de velours. Ce n’est pas un costume de travail, mais un symbole d’honneur. On le porte encore pour les mariages et les enterrements.
Le pantalon aujourd’hui : survivant ou oublié ?
Aujourd’hui, les costumes traditionnels sont surtout portés lors des fêtes folkloriques. Les jeunes générations ne les portent plus au quotidien. Mais dans certains villages, les ateliers de couture traditionnelle refont encore les pantalons anciens.À Sainte-Enimie, dans les Cévennes, une couturière de 78 ans tisse encore les brayes en laine teinte avec des plantes locales. Elle utilise les mêmes métiers à tisser que sa grand-mère. Chaque pantalon prend deux semaines à faire. Elle ne vend pas à des musées. Elle les donne aux jeunes qui veulent porter le costume lors des fêtes du village.
En Bretagne, l’association Les Brayeurs a recensé plus de 40 modèles différents de brayes. Chaque village avait sa version. Celle de Ploërmel est plus courte que celle de Quimper. Celle de Lorient a des coutures en cuir, celle de Morlaix a des franges. Ce n’est pas du folklore pour touristes. C’est un patrimoine vivant, porté par des gens qui en connaissent le nom, la coupe, et l’histoire.
Le mot juste, c’est quoi ?
Alors, comment s’appelle le pantalon d’un costume traditionnel français ? La réponse est simple : ça dépend.Si vous voyez un homme en costume breton, c’est une braye. En Provence, c’est une culotte. En Alsace, c’est un pantalon de drap. En Corse, c’est un calzone. En Auvergne, c’est une culotte de peau.
Il n’y a pas un seul mot. Il y a autant de noms que de régions. Et chaque nom cache une histoire : celle des mains qui l’ont cousu, des champs où il a été porté, des fêtes où il a brillé. Ce n’est pas un vêtement. C’est un récit tissé dans la laine, le lin, et le cuir.
Le pantalon d’un costume traditionnel français s’appelle-t-il toujours « pantalon » ?
Non. Dans les costumes traditionnels, le mot « pantalon » est rarement utilisé. On dit plutôt « braye » en Bretagne, « culotte » en Provence, « calzone » en Corse, ou « culotte de peau » en Auvergne. Chaque région a son propre terme, lié à la coupe, au tissu et à l’usage.
Pourquoi les hommes portaient-ils des pantalons courts dans le passé ?
Les pantalons courts, comme les brayes ou les culottes, étaient plus pratiques pour le travail agricole, la pêche ou la marche en montagne. Ils permettaient une meilleure liberté de mouvement, étaient plus faciles à sécher, et évitaient de s’embourber dans les champs humides. Les pantalons longs sont devenus courants seulement avec l’industrialisation et la modernisation des vêtements.
Les culottes traditionnelles sont-elles les mêmes que les culottes féminines d’aujourd’hui ?
Non, absolument pas. Dans le contexte des costumes traditionnels, une « culotte » est un pantalon court, porté par les hommes, souvent en soie ou en lin, et qui s’arrête au genou. La culotte féminine moderne est un sous-vêtement. C’est une confusion linguistique due à l’évolution du langage.
Où peut-on encore voir des pantalons traditionnels portés aujourd’hui ?
On les voit lors des fêtes folkloriques : les pardons en Bretagne, les fêtes de la Saint-Jean en Vendée, les mariages en Corse, ou les cérémonies en Alsace. Certaines associations, comme « Les Brayeurs » en Bretagne, les font encore porter par les jeunes. On les trouve aussi dans les musées régionaux, mais portés en vrai, ce sont des vestiges vivants du quotidien d’autrefois.
Les pantalons traditionnels sont-ils encore fabriqués ?
Oui, mais très peu. Dans quelques villages, des couturières et des tisserands traditionnels les confectionnent encore, souvent à la main, avec des techniques anciennes. Ce sont des pièces uniques, faites sur commande pour les fêtes ou les spectacles. Elles ne sont pas commercialisées en grande série. Leur valeur est culturelle, pas commerciale.

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