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Pharmaciens décryptent : Mythes sur les médicaments et vérités à connaître

Pharmaciens décryptent : Mythes sur les médicaments et vérités à connaître
Par Aurélie Durant 31 juil. 2025

Un parent qui jette le sirop « périmé » avant même d’en vérifier l’odeur. Un collègue persuadé que son antibiotique va tout régler, même son rhume. Et la tante, sûre que tout médicament doit absolument être pris à heure fixe, sinon… danger. Les idées reçues sur les médicaments squattent nos repas, nos pauses-café et nos boîtes à pharmacie, mais combien tiennent vraiment la route ? Les pharmaciens de quartier, ceux qui voient passer chacun avec ses questions, ses inquiétudes, ses raccourcis, lèvent enfin le voile. Attachez vos ceintures : ce qu’on croit savoir n’est pas toujours la vérité.

Péremption, dosage, interactions : ce que les pharmaciens rectifient

Le mythe du médicament qui se transforme en poison juste après la date affichée sur la boîte a la peau dure. Pourtant, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) précise que la date de péremption indique surtout la garantie de l’efficacité maximale d’un produit. Concrètement, la grande majorité des comprimés restent stables plusieurs mois après la date. Pour les sirops ouverts ou les gouttes, le risque vient plutôt de la contamination bactérienne ou de la perte d’efficacité, pas d’un effet toxique soudain.

Un pharmacien lyonnais l’explique clairement : « On jette des tonnes de médicaments chaque année faute d’informations claires. Garder un vieux paracétamol dans sa trousse à pharmacie n’est pas risqué, mais mieux vaut consulter pour savoir ce qui se conserve. »

Autre idée coriace : plus on augmente la dose, plus vite on guérit. Faux, évidemment. Le surdosage est une réalité. Il peut causer plus de mal que de bien, surtout avec le paracétamol, trop souvent avalé comme une simple friandise contre le mal de tête. Les services d’urgences voient chaque année des cas de toxicité hépatique due au paracétamol, parce que la différence entre la dose efficace et la dose toxique est fine. Et, non, tous les médicaments « doux », homéopathiques ou à base de plantes, ne sont pas forcément anodins à forte dose.

Ensuite, qui n’a jamais entendu « On peut mélanger ses traitements, le pharmacien saura toujours ce qu’on prend » ? Sauf que le risque d’interaction entre médicaments demeure mal connu du grand public. Certains anti-acides, antidouleurs ou antibiotiques, associés à d’autres molécules, peuvent réduire l’efficacité ou provoquer des effets secondaires graves. Parfois, il suffit de consommer du jus de pamplemousse avec certains médicaments pour risquer de voir tripler leur effet dans le sang... ou plus du tout !

Dans ce domaine, la vigilance d’un professionnel de santé n’a pas de prix. « Une personne sur cinq en France court le risque d’une interaction médicamenteuse sans le savoir », confirme la revue Prescrire (mars 2024). D’où l’importance d’avoir sur soi la liste complète de ses traitements et de signaler tout nouveau médicament à son pharmacien.

Petite anecdote : lors d’une garde, une pharmacienne a récemment évité une catastrophe. Une patiente, persuadée que le millepertuis (plante « naturelle ») était inoffensif, n’avait pas dit qu’elle suivait déjà un traitement antidépresseur. Pourtant, cette plante peut provoquer des interactions dangereuses. Et voilà comment un « petit détail » évite un gros pépin.

Alors non, tous les médicaments ne se valent pas, toutes les associations ne sont pas sans risque, et la date sur la boîte n’est pas un couperet aussi fatal qu’on l’imagine. Mieux vaut demander conseil plutôt que de se fier à l’intuition ou aux « on-dit » familiaux.

Automédication : entre fantasme d’autonomie et vraies précautions

Automédication : entre fantasme d’autonomie et vraies précautions

L’automédication, ce n’est pas toujours la panacée. Beaucoup pensent qu’on peut soigner soi-même la plupart de ses petits maux, dès lors qu’on a une armoire à pharmacie bien garnie. Oui, on peut acheter sans ordonnance des antalgiques ou des pastilles pour la gorge, mais cela comporte des limites.

« Un tiers des Français pratiquent l’automédication chaque mois » selon une grande enquête de Santé publique France en mai 2025. Mais la frontière est floue : à partir de quand le recours sans l’avis d’un pharmacien ou d’un médecin devient-il risqué ?

Première erreur fréquente : croire que si on connaît le symptôme, on a forcément trouvé la solution. Mais un mal de tête peut, selon le contexte, cacher une allergie, un problème de tension ou même annoncer une infection plus grave. Parfois, la toux persistante cache un retour de bronchite ou une pathologie cardiovasculaire. Ce n’est pas une pastille qui va tout régler.

Autre idée reçue : les médicaments en vente libre sont anodins. Mais, même pour ces molécules, abuser peut envoyer aux urgences, notamment pour le paracétamol, l’ibuprofène ou les vasoconstricteurs contre le rhume. Il existe des contre-indications (femmes enceintes, prises de certains médicaments, maladie rénale…) dont le grand public ne soupçonne pas l’extrême variété. Un patient diabétique qui prend sans avis des anti-inflammatoires risque de voir sa glycémie déraper.

Il y a aussi la tentation de réutiliser de vieux traitements ou de faire confiance aux conseils d’amis. Sauf qu’entre deux générations, la même molécule peut avoir changé de statut, de dosage ou ses contre-indications. En France, chaque année, on compte plus de 130 000 hospitalisations dues à la mauvaise utilisation des médicaments, d’après la CNAM.

Pour agir sans danger, des réflexes simples : toujours lire la notice, vérifier la posologie, demander conseil au pharmacien avant de mélanger plusieurs traitements. Conserver hors de portée des enfants, surveiller la température et la durée après ouverture (c’est là qu’il y a le plus de risques, notamment pour les gouttes, sirops, crèmes).

Blanchette, 71 ans, raconte : « J’ai compris plus tard que garder une ancienne boîte d’antibiotiques n’était pas la meilleure idée quand j’ai fait une réaction allergique. Depuis, je demande à ma pharmacienne, même pour les “petites choses”. »

Le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens résume bien le sujet :

« L’automédication a du sens si elle s’accompagne du réflexe d’information, pas d’improvisation. »
Tout est dit. Quand le doute s’installe, demander est toujours préférable à deviner.

Prise, conservation, et l’art d’utiliser les médicaments avec bon sens

Prise, conservation, et l’art d’utiliser les médicaments avec bon sens

Au quotidien, la bonne utilisation des médicaments ne se limite pas à avaler le comprimé ou à agiter le flacon. Prenons la fameuse règle : « à prendre à heure fixe ». Désolée, mais il y a de la nuance. Certains traitements, comme les anticoagulants, exigent en effet des horaires réguliers pour maintenir le taux dans le sang. Mais, pour la plupart des antibiotiques classiques ou antalgiques, on tolère un décalage de 1 à 2 heures sans risque majeur.

La conservation n’est pas non plus un détail. Laisser un médicament dans la salle de bains, ce n’est pas l’idée du siècle : humidité, chaleur, variations de température… tout ça réduit l’efficacité. Pour les antibiotiques liquides, il faut impérativement respecter la chaîne du froid. Beaucoup l’ignorent encore, alors que la notice porte souvent une mention en toutes lettres : « À conserver entre 2 et 8 °C après reconstitution ».

Quand il s’agit d’enfants ou de personnes âgées, la vigilance doit redoubler. Les surdosages accidentels chez les enfants, souvent causés par une confusion de cuillère ou un dosage mal lu, restent fréquents : 4 000 cas chaque année signalés par les centres antipoison en France (rapport de l’ANSES 2023).

Un autre piège courant : croire qu’on peut écraser n’importe quel comprimé pour faciliter la prise. Sauf que de nombreux médicaments sont conçus pour être libérés lentement dans l’organisme, ou protégés d’une dégradation par les sucs gastriques. Les casser ou les ouvrir peut annuler leur efficacité, voire provoquer un surdosage. Le pharmacien répondra toujours à ce genre de question… alors pourquoi s’en priver ?

Enfin, les retours de médicaments non utilisés en pharmacie ne sont pas que du bon sens écologique ; c’est une obligation pour limiter la circulation de molécules expirées ou mal conservées. Cyclamed, l’organisme qui centralise ces retours, récupère chaque année près de 10 000 tonnes de médicaments non utilisés, preuve que l’on continue d’acheter plus que de raison ou de mal anticiper les besoins.

Petit conseil pour la route : photographier, voire scanner la notice de ses traitements, surtout s’ils sont ponctuels ou inhabituels (antibiotiques de voyage, traitements ophtalmiques). En cas de déplacement, d’oubli ou si l’on doit donner le nom exact à un autre professionnel de santé, cette astuce évite bien des galères.

Qui aurait parié qu’un si petit comprimé pouvait générer tant de questions ? Loin des recettes toutes faites ou des légendes de générations, le médicament reste un outil à manier avec conscience, et surtout, sans jamais hésiter à ouvrir la porte de sa pharmacie de quartier pour poser la moindre question. Le savoir, dans ce domaine, n’a jamais fait de mal à personne… mais il en a évité beaucoup.

  • juillet 31, 2025
  • Aurélie Durant
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