Le bunad n’est pas un costume français. Il vient de Norvège. Et pourtant, beaucoup de gens le confondent avec les tenues folkloriques de France, surtout quand ils voient des images de robes brodées, de chapeaux ornés et de bijoux en argent. Ce n’est pas une erreur anodine. Cela montre à quel point les traditions populaires peuvent sembler similaires, même lorsqu’elles appartiennent à des cultures totalement différentes.
Qu’est-ce qu’un bunad exactement ?
Un bunad est un costume traditionnel norvégien, porté lors de célébrations importantes comme la Fête nationale du 17 mai, les mariages ou les baptêmes. Chaque région de Norvège a son propre bunad, avec des motifs, des couleurs, des tissus et des bijoux spécifiques. Il n’existe pas un seul bunad, mais plus de 200 variantes différentes. Ce n’est pas un simple costume de théâtre. C’est un héritage vivant, transmis de génération en génération.
Contrairement aux costumes français, qui ont souvent été standardisés au XIXe siècle pour des festivals folkloriques, les bunader ont été conçus pour représenter les vêtements que les gens portaient réellement dans les campagnes, entre le XVIIIe et le début du XXe siècle. Les femmes portent des jupes longues en laine, des chemises brodées à la main, des tabliers décorés, et des gilets en soie. Les hommes portent des pantalons en laine, des vestes courtes, des ceintures en cuir, et souvent un chapeau en feutre. Tout est fait main, avec des techniques anciennes.
Pourquoi les bunader sont-ils si précieux ?
Un bunad coûte entre 5 000 et 20 000 euros. C’est cher, mais ce n’est pas un luxe. C’est un investissement familial. Beaucoup de familles en achètent un pour leur fille à la naissance, et le gardent jusqu’à son mariage. Les broderies peuvent prendre des centaines d’heures de travail. Certaines pièces sont passées de mère en fille, avec des modifications pour les adapter à la nouvelle génération.
Les bijoux qui accompagnent le bunad sont souvent anciens. Ils sont en argent massif, parfois gravés avec des symboles locaux : une fleur de la région, un motif de bateau, un animal sacré. Ces bijoux ne sont pas décoratifs. Ils racontent une histoire. Ils indiquent d’où vient la personne, sa famille, et parfois même son statut social dans le village d’autrefois.
En Norvège, porter un bunad, c’est dire : « Je suis d’ici. Je me souviens. » C’est une forme de fierté culturelle, pas de spectacle. Même les jeunes qui vivent à Oslo ou Bergen portent leur bunad le 17 mai, jour de la fête nationale. Des centaines de milliers de personnes défilent dans les rues en tenue traditionnelle. C’est l’un des plus grands rassemblements culturels du pays.
Comment un bunad se distingue-t-il d’un costume français ?
Les costumes français, comme ceux du Limousin, de la Provence ou de la Bretagne, ont souvent été réinventés au XIXe siècle par des ethnographes ou des associations folkloriques. Ils servent aujourd’hui à des spectacles, des fêtes touristiques, ou des reconstitutions historiques. Beaucoup sont fabriqués en série, avec des imitations de broderies, des tissus synthétiques, et des bijoux en métal plaqué.
Le bunad, lui, est une pratique vivante. Il n’est pas conçu pour être vu. Il est conçu pour être porté. Les femmes ne le mettent pas pour plaire. Elles le portent parce que c’est leur identité. Les broderies ne sont pas décoratives : elles suivent des règles strictes, transmises par les grands-mères. Les motifs ne sont pas choisis au hasard. Un carré rouge sur la jupe peut signifier que la famille vient d’Hardanger. Une couronne d’argent sur le chapeau peut indiquer qu’on est issu d’une lignée de fermiers.
En France, les costumes sont souvent associés à des festivals ponctuels. En Norvège, le bunad fait partie de la vie quotidienne des familles. Il est dans les albums photo de naissance, de mariage, de communion. Il est dans les musées, mais aussi dans les armoires.
Le bunad aujourd’hui : une tradition qui évolue
Les jeunes Norvégiens ne portent plus les bunader tous les jours. Mais ils les portent pour les événements marquants. Certains créateurs modernes proposent des versions plus légères, avec des tissus plus souples, ou des broderies simplifiées. Cela fait débat. Certains disent que cela dénature la tradition. D’autres disent que c’est la seule façon de la rendre vivante.
Les femmes qui portent un bunad aujourd’hui sont souvent des étudiantes, des médecins, des employées de bureau. Elles ne vivent pas dans des fermes. Elles travaillent dans des villes. Mais le jour de la fête nationale, elles mettent leur bunad. Parce que c’est plus qu’un vêtement. C’est un lien avec leurs ancêtres.
Le bunad n’est pas un objet de collection. Ce n’est pas un costume de carnaval. C’est un acte de mémoire. Chaque fil, chaque perle, chaque broderie est un rappel de ce que les gens ont vécu. Il ne s’agit pas de regarder le passé. Il s’agit de le porter.
Peut-on acheter un bunad en dehors de la Norvège ?
Oui, mais ce n’est pas facile. Il n’existe pas de vente en ligne officielle de bunader pour les étrangers. Les boutiques spécialisées sont rares, et souvent situées dans les petites villes de Norvège. Les prix sont élevés, et la livraison est compliquée. Beaucoup de gens achètent leur bunad lors d’un voyage en Norvège, ou grâce à un proche qui y vit.
Si vous trouvez un « bunad » en ligne, vendu pour 200 euros, c’est presque certainement une imitation. Un vrai bunad est fait à la main, avec des tissus naturels, des broderies à l’aiguille, et des bijoux en argent. Il peut prendre plus d’un an à réaliser. Il ne se commande pas comme un vêtement de mode.
Il existe des ateliers en France qui reproduisent des motifs norvégiens, mais ce ne sont pas des bunader authentiques. Ce sont des hommages. Et c’est bien. Mais ce n’est pas la même chose.
Le bunad et la France : une confusion compréhensible
Les costumes français sont beaux. Les broderies de la Bretagne, les coiffes de l’Auvergne, les jupes de la Provence - tout cela est riche, coloré, profondément ancré dans l’histoire. Mais ils ont un objectif différent. Ils servent à montrer une identité régionale dans un cadre festif. Le bunad, lui, sert à affirmer une identité nationale dans un cadre intime et personnel.
La France a perdu une grande partie de ses costumes traditionnels au XXe siècle. La modernisation, la guerre, l’exode rural ont fait disparaître les tenues d’origine. En Norvège, les gens ont choisi de les préserver. Pas comme des musées, mais comme des vêtements vivants.
C’est peut-être cela la vraie différence : en France, les costumes sont des souvenirs. En Norvège, ils sont un héritage quotidien.
Le bunad est-il un costume français ?
Non, le bunad est un costume traditionnel norvégien. Il n’a aucun lien avec les costumes régionaux français. La confusion vient souvent de leur apparence similaire - broderies complexes, bijoux en argent, vêtements en laine - mais leurs origines, leurs usages et leur signification culturelle sont totalement différents.
Combien coûte un bunad authentique ?
Un bunad authentique coûte entre 5 000 et 20 000 euros. Ce prix inclut les tissus naturels, les broderies faites à la main, les bijoux en argent massif, et le temps de confection, qui peut dépasser 800 heures. Les modèles les plus simples commencent à 3 500 euros, mais les versions familiales, avec des bijoux anciens, peuvent coûter bien plus.
Peut-on porter un bunad en dehors de la Norvège ?
Oui, on peut porter un bunad partout dans le monde. Mais il n’est pas conçu pour être un costume de déguisement ou un accessoire de photo. Il est porté lors d’événements importants : mariages, naissances, célébrations nationales. En Norvège, c’est un acte de respect. À l’étranger, c’est une manière de se reconnecter à ses racines.
Comment reconnaître un bunad authentique ?
Un bunad authentique a des broderies à la main, pas imprimées. Les tissus sont en laine, lin ou soie naturelle. Les bijoux sont en argent massif, souvent marqués avec un poinçon de région. Les motifs suivent des règles strictes, propres à une zone géographique précise. Il n’existe pas de bunad universel. Chaque modèle est lié à une commune ou un fjord.
Pourquoi les Norvégiens portent-ils encore le bunad aujourd’hui ?
Parce que c’est une manière de dire : « Je ne suis pas seulement un citoyen moderne. Je suis aussi le descendant de ceux qui ont vécu ici avant moi. » Le bunad n’est pas une relique. C’est un lien vivant. Il permet de transmettre l’histoire sans mots. Il ne se regarde pas. Il se vit.

Écrire un commentaire