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Quelle est la première chanson folklorique préférée des Français ?

Quelle est la première chanson folklorique préférée des Français ?
Par Aurélie Durant 26 déc. 2025

Si vous demandez à un Français quelle est la chanson qu’il connaît par cœur, celle qui lui fait monter les larmes aux yeux ou qui le fait se lever en chantant lors d’un match de foot, il ne pensera pas à une berceuse du Limousin ni à un air de biniou en Bretagne. Il pensera à La Marseillaise. Et pourtant, ce n’est pas une chanson folklorique au sens traditionnel du terme. Pas de violon, pas de tambourin, pas de dialecte local. Alors pourquoi est-elle la première chanson préférée des Français ? Parce qu’elle est la seule qui réunit tout le monde - et que les chants régionaux, eux, sont devenus des souvenirs.

La Marseillaise : une chanson qui ne vient pas d’ailleurs, mais de partout

En 1792, Claude Joseph Rouget de Lisle compose un chant de guerre à Strasbourg, à l’attention des troupes du Rhin. Il le nomme Chant de guerre pour l’armée du Rhin. Quelques semaines plus tard, des volontaires marseillais le chantent en arrivant à Paris. Le nom colle. La chanson devient La Marseillaise. En 1795, elle est adoptée comme hymne national. En 1879, elle est rétablie comme tel après une longue interruption. Et aujourd’hui, elle est jouée à chaque match de l’équipe de France, chaque 14 juillet, chaque cérémonie officielle.

Elle n’est pas la plus ancienne, ni la plus douce, ni même la plus belle selon les critères musicaux. Mais elle est la plus puissante. Elle parle de liberté, de sang versé, de courage. Elle ne parle pas d’un village, d’un pays, d’une région. Elle parle de France. Et c’est pour ça que, même si vous êtes né à Calais, à Marseille ou à Pointe-à-Pitre, vous chantez La Marseillaise comme si vous l’aviez apprise à la mamie dans la cour de l’école.

Les chants régionaux : des voix qui s’éteignent doucement

En Bretagne, on chantait Ar Rannoù pour accompagner les travaux des champs. En Provence, les vignerons entonnaient La Lavandière en lavant le linge au bord des rivières. En Auvergne, les bergers chantaient des chansons de berger pour apaiser les bêtes. En Alsace, les familles se réunissaient pour chanter Le Chant des Alsatians pendant les fêtes de Noël. Ces chansons n’étaient pas faites pour les scènes. Elles étaient faites pour la vie quotidienne.

Aujourd’hui, ces voix sont rares. Les jeunes ne les apprennent plus. Les festivals les jouent, mais en spectacle. Les vieillards les chantent encore, mais seul, dans leur salon. Le dernier témoin vivant de la chanson Le Chant des Lavandières du Périgord est décédé en 2021. Il avait 98 ans. Il savait 17 versions différentes. Personne ne les a enregistrées en entier.

Les chants folkloriques ne sont pas morts. Ils sont en sommeil. Et ils ne le seront plus que si personne ne les redécouvre.

La Marseillaise contre les chants locaux : un choix culturel

On peut penser que la préférence pour La Marseillaise est une question de nationalisme. Ce n’est pas vrai. C’est une question de mémoire collective. La Marseillaise, c’est le seul chant que tout le monde connaît, qu’on apprend à l’école, qu’on entend à la télévision, qu’on chante en famille le 14 juillet. C’est un rituel partagé.

Les chants régionaux, eux, sont des rituels perdus. Ils n’ont pas été effacés par la loi, mais par l’oubli. Les enfants ne les entendent plus à la maison. Les écoles ne les enseignent plus. Les radios ne les passent plus. Et les plateformes de streaming ? Elles ne les proposent même pas dans les suggestions.

Un sondage de l’Institut national de l’audiovisuel en 2024 a montré que 73 % des Français de moins de 30 ans ne reconnaissent pas l’air de La Violette, une chanson populaire en Normandie au XIXe siècle. Mais 98 % d’entre eux savent chanter les premières lignes de La Marseillaise - même s’ils ne comprennent pas tous les mots.

Un vieil homme chante une chanson traditionnelle du Jura près d'une fenêtre au crépuscule.

Les rares survivants : des îlots de mémoire

Pourtant, tout n’est pas perdu. Dans les villages de Haute-Savoie, les groupes de jeunes reprennent les chansons des anciens. À Béarn, des écoles ont intégré des ateliers de chant occitan. En Corse, les enfants apprennent encore les canti à l’école primaire - et certains les chantent avec leur grand-père en montagne.

En 2023, un projet mené par l’association Voix de France a enregistré 217 chants folkloriques en voix naturelle, dans leur dialecte d’origine. Ce sont les dernières voix. Des vieillards, des fermiers, des artisans. Pas de musiciens professionnels. Juste des gens qui ont grandi avec ces chansons dans la peau.

Le plus émouvant ? Ces enregistrements sont devenus les plus écoutés sur la plateforme Archives Sonores de France. Pas parce qu’ils sont populaires. Mais parce qu’ils sont authentiques. Et les gens le sentent.

La Marseillaise n’est pas la seule chanson qui compte - mais elle est la seule qui résonne encore

La Marseillaise est une chanson de combat. Les chants régionaux sont des chansons de vie. L’une est un cri. Les autres sont des murmures. Et dans une société qui va vite, les cris sont plus faciles à entendre.

Il ne s’agit pas de choisir entre les deux. Il s’agit de comprendre que la France n’est pas qu’une nation. C’est aussi un mille-feuille de dialectes, de rythmes, de mélodies. La Marseillaise est l’image de la France unie. Les chants régionaux en sont les détails, les couleurs, les odeurs.

Quand vous entendez un enfant chanter La Marseillaise à l’école, c’est normal. Quand vous entendez un vieil homme chanter La Pêche à la Truite en patois du Jura, c’est un miracle.

Un arbre aux feuilles musicales représente les chants régionaux français, certains en train de disparaître.

Comment redonner vie aux chants régionaux ?

Il n’y a pas de solution magique. Mais il y a des gestes simples :

  • Écoutez les enregistrements de l’Institut national de l’audiovisuel - ils sont gratuits en ligne.
  • Apprenez une chanson de votre région à vos enfants - même si vous ne la connaissez que par morceaux.
  • Allez à un festival folklorique local. Pas pour le spectacle. Pour écouter.
  • Partagez une chanson ancienne sur les réseaux. Pas avec un effet. Juste avec un mot : "Je l’ai apprise de ma grand-mère."
  • Ne dites pas "c’est du passé". Dites : "c’est une mémoire qui attend d’être réveillée."

La musique traditionnelle ne meurt pas quand les gens cessent de la chanter. Elle meurt quand on cesse d’y croire.

Les chansons que vous ne connaissez peut-être pas - mais que vous devriez entendre

Voici cinq chants régionaux encore vivants, à écouter au moins une fois :

  • Ar Rannoù (Bretagne) - une chanson de travail des champs, rythmée comme un cœur qui bat.
  • La Violette (Normandie) - une romance douce, chantée par les jeunes filles au bord des rivières.
  • La Pêche à la Truite (Jura) - un chant des pêcheurs, avec des refrains qui imitent le bruit de l’eau.
  • La Baladine (Languedoc) - une chanson de voyage, où chaque vers raconte une étape.
  • Le Chant des Lavandières (Périgord) - un refrain répété, comme une prière, pour faire passer le temps.

Vous ne les entendrez pas à la radio. Mais vous pouvez les trouver sur YouTube, sur les sites des musées régionaux, ou en demandant à un aîné de votre famille. Ils sont là. Ils attendent juste qu’on les écoute.

Pourquoi La Marseillaise est-elle plus connue que les chants régionaux ?

Parce qu’elle est enseignée à l’école, jouée à la télévision et chantée lors des événements nationaux. Les chants régionaux, eux, sont passés de la vie quotidienne à la mémoire. Ils ne sont plus intégrés aux rituels collectifs. La Marseillaise est un symbole d’unité. Les chants régionaux sont des témoignages de diversité - et la diversité, dans une société rapide, est plus difficile à transmettre.

Existe-t-il encore des gens qui chantent les chansons traditionnelles au quotidien ?

Oui, mais très peu. Dans certains villages de Haute-Savoie, du Jura, de Corse ou de Béarn, des familles continuent de les chanter pendant les repas de fête ou les récoltes. Ce sont souvent des personnes âgées. Mais des jeunes, de plus en plus, les reprennent dans des groupes locaux. Ce n’est pas une mode. C’est une reconnexion.

La Marseillaise est-elle un chant folklorique ?

Non. Un chant folklorique naît dans la vie quotidienne, se transmet oralement, et change avec les générations. La Marseillaise a été composée par un seul homme, à une date précise, et fixée par la loi. Elle est un hymne national, pas un chant populaire. Mais elle a pris une place que les chants folkloriques ont perdue : celle d’être chantée par tous.

Pourquoi les jeunes ne connaissent-ils plus ces chansons ?

Parce qu’elles ne sont plus dans leur environnement. Pas à la maison, pas à l’école, pas à la télé. Elles ne sont pas dans les playlists, pas dans les jeux vidéo, pas dans les films. Elles ont été remplacées par des chansons universelles. Et quand quelque chose n’est plus présent dans la vie de tous les jours, il devient invisible - même s’il est encore là.

Comment puis-je découvrir les chants de ma région ?

Commencez par demander à vos grands-parents. Ensuite, allez sur le site de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) ou sur les sites des musées régionaux. Beaucoup ont des archives gratuites. Vous pouvez aussi chercher "chants traditionnels [votre département]" sur YouTube. Il y a des enregistrements authentiques, pas des reprises. Ce sont les voix réelles de ceux qui les ont vécues.

Étiquettes: chanson folklorique française La Marseillaise chants régionaux musique traditionnelle chanson populaire française
  • décembre 26, 2025
  • Aurélie Durant
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