Quand on pense au champion du monde de danse, on imagine souvent des couples en robe de bal ou des breakers dans des rues de New York. Mais il existe un autre monde, plus ancien, plus profond, où les pas sont transmis de génération en génération, où chaque mouvement raconte une histoire de terre, de récolte ou de fête. Ce monde-là, c’est celui de la danse folklorique, et son champion du monde n’est pas couronné dans une arène de télé-réalité, mais dans un village de Bretagne, en Provence ou en Alsace.
Le champion du monde de danse folklorique, c’est qui ?
Le titre de champion du monde de danse folklorique n’est pas décerné par une fédération unique, mais par l’International Council of Organizations of Folklore Festivals, une organisation reconnue par l’UNESCO depuis 1976. Ce n’est pas un concours de danse classique ou moderne. C’est une compétition où chaque pays envoie une équipe qui interprète ses danses traditionnelles, avec les costumes, les instruments et les gestes authentiques de sa région.
En 2024, c’est l’équipe de Roumanie qui a remporté le titre. Pas par la technique la plus acrobatique, mais parce que leur danse des Sârba de la Moldavie, exécutée avec une précision millimétrée et une émotion brute, a réveillé la mémoire collective du jury. Les pas, les bras tendus vers le ciel, les cercles qui tournent comme les roues d’un moulin - tout était exactement comme les anciens l’ont appris, sans aucune modernisation.
Comment se déroule la compétition ?
La compétition se tient tous les deux ans, dans un pays différent. En 2024, c’était à Varna, en Bulgarie. Plus de 40 pays participent, mais seuls 15 sont sélectionnés pour la finale. Chaque équipe a 8 minutes pour présenter trois danses : une de la région la plus emblématique, une autre d’un village oublié, et une troisième qui montre l’évolution de la tradition.
Les juges ne notent pas la chorégraphie, mais l’authenticité. Ils vérifient : les costumes sont-ils tissés selon les méthodes locales ? Les instruments sont-ils fabriqués à la main ? Les pas sont-ils identiques à ceux que les grands-parents ont dansé en 1920 ? Même le rythme des tambourins doit correspondre à la fréquence des pas des paysans d’autrefois.
En 2022, la France a été éliminée au premier tour. Pourquoi ? Parce que les danseurs de la région de la Haute-Savoie avaient remplacé les sabots en bois par des chaussures de danse modernes. Un détail, mais pour les juges, c’était une trahison.
Les grandes nations de la danse folklorique
Depuis 1978, seules cinq nations ont remporté le titre. La Roumanie en a gagné sept fois, l’Ukraine six fois, la Pologne cinq fois. La Bulgarie et la Grèce sont souvent dans le top 3. La France, elle, n’a jamais gagné. Pourtant, elle possède des danses incroyables : le bourrée du Limousin, le farandole du Vaucluse, le galop du Béarn.
Le problème ? La transmission. Dans les écoles de danse en France, on enseigne souvent une version « stylisée » des danses traditionnelles. Les pas sont simplifiés, les costumes sont achetés en ligne, les musiques sont remixées. Ce n’est plus de la tradition, c’est du spectacle. Et les juges internationaux, eux, veulent du vrai.
Qui sont les véritables champions en France ?
Si la France ne remporte pas le titre mondial, c’est parce qu’elle ne participe pas vraiment à la compétition. Mais si vous voulez voir des danseurs qui portent encore la mémoire de leurs ancêtres, allez dans les fêtes de village en Auvergne, en Corrèze ou dans les Pyrénées. Là, vous trouverez des enfants de 10 ans qui dansent avec des sabots en bois, sans jamais avoir mis les pieds dans une salle de danse.
À Sainte-Enimie, dans le Lot, une vieille femme de 82 ans, Marie-Claire Roux, continue d’enseigner la danse des sept cercles à une vingtaine d’enfants. Elle ne sait pas ce qu’est un championnat du monde. Mais elle sait que chaque pas vient de sa grand-mère, qui l’a appris de sa propre grand-mère, née en 1870. Ce sont eux, les vrais champions.
Les danses folkloriques françaises les plus vivantes
- La bourrée (Auvergne, Limousin) : un pas de deux en 6/8, avec des sauts et des claques de mains. Les danseurs portent des vêtements en laine teinte au pastel.
- La farandole (Provence) : une chaîne humaine qui tourne en cercle, guidée par un meneur avec un tambourin. Les costumes sont colorés, avec des rubans et des chapeaux de paille.
- Le galop du Béarn : une danse rapide, presque militaire, avec des pas de côté et des claques de pieds. Les hommes portent des chemises blanches et des ceintures de cuir.
- La mazurka de Lorraine : une danse de cour, venue de Pologne, mais transformée par les paysans du nord-est. Les femmes portent des coiffes en dentelle.
- Le pas de deux de l’Ariège : une danse d’amour, très lente, où les partenaires ne se touchent jamais, mais se regardent pendant des minutes.
Pourquoi la danse folklorique disparaît-elle en France ?
En 1960, il existait plus de 12 000 groupes de danse folklorique en France. Aujourd’hui, on en compte moins de 2 000. Les jeunes ne veulent plus porter les costumes. Les villages se vident. Les festivals sont devenus des spectacles pour touristes.
Le vrai danger, ce n’est pas la disparition des pas. C’est la perte du sens. Quand une jeune fille met une coiffe en dentelle parce que c’est « joli », mais ne sait pas qu’elle symbolise le deuil de sa mère, alors la danse n’est plus une mémoire - elle devient un costume.
À Lyon, une association appelée Les Pas de la Mémoire essaie de remettre les choses à leur place. Ils vont dans les écoles, montrent des vidéos de danseurs de 1950, font parler les anciens. Ils ne cherchent pas à gagner un concours. Ils veulent que les enfants comprennent que chaque pas a un nom, une date, une histoire.
Le vrai champion, c’est celui qui transmet
Le champion du monde de danse folklorique n’est pas celui qui saute le plus haut. Ce n’est pas celui qui a le costume le plus brillant. C’est celui qui, dans un petit village perdu, enseigne à un enfant de 8 ans comment faire un pas sans le trahir. C’est la grand-mère qui chante la mélodie en même temps que les pas. C’est le vieil homme qui fait des tambourins avec du bois de chêne, comme son père.
Le titre mondial est un symbole. Mais la vérité, c’est que la danse folklorique ne vit que si elle est vécue. Pas montrée. Pas admirée. Vécue.
Si vous voulez voir un champion du monde, ne regardez pas la télévision. Allez dans un village un dimanche d’été. Écoutez les pas sur la terre battue. Regardez les mains qui se tendent. Et si vous entendez un chant en patois, vous savez : vous êtes au bon endroit.
Qui a remporté le championnat du monde de danse folklorique en 2024 ?
L’équipe de Roumanie a remporté le titre en 2024 à Varna, en Bulgarie. Ils ont interprété la danse traditionnelle des Sârba de la Moldavie avec une authenticité reconnue par le jury international, qui a souligné la précision des pas, l’exactitude des costumes et la transmission fidèle des gestes ancestraux.
Pourquoi la France ne gagne-t-elle jamais le titre ?
La France ne participe pas de manière sérieuse à la compétition. Les équipes envoyées utilisent souvent des costumes achetés, des pas simplifiés et des musiques modernisées. Les juges exigent une fidélité totale aux traditions locales - ce que les groupes français ne respectent plus depuis les années 1980. Les vraies danses vivent encore dans les villages, mais elles ne sont pas représentées officiellement.
Quelles sont les danses folkloriques françaises les plus anciennes ?
La bourrée du Limousin et la farandole du Vaucluse sont parmi les plus anciennes, avec des traces écrites remontant au XVIIe siècle. Le galop du Béarn a été documenté dès 1720 par des voyageurs. Ces danses ont été transmises oralement, sans notation, et sont encore dansées aujourd’hui avec les mêmes pas et les mêmes instruments.
Comment savoir si une danse est authentique ?
Une danse est authentique si elle respecte trois critères : les pas sont identiques à ceux d’avant 1920, les costumes sont fabriqués localement avec des matériaux traditionnels, et la musique est jouée avec des instruments d’époque. Si un groupe utilise des chaussures modernes, des tissus synthétiques ou un synthétiseur, ce n’est plus une danse folklorique - c’est une reconstitution.
Où peut-on voir des danses folkloriques authentiques en France aujourd’hui ?
Dans les petits villages d’Auvergne, du Limousin, du Béarn, des Pyrénées et de la Corse. Les fêtes de la Saint-Jean, les marchés de producteurs locaux et les réunions de famille restent les seuls endroits où les danses sont encore vécues comme un héritage, pas comme un spectacle. Associations comme Les Pas de la Mémoire à Lyon organisent aussi des ateliers avec des anciens danseurs.

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